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Le bénéfice du doute

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Jeanne la jeunette est revenue pour narguer l’ermite Bernard dans sa caverne, suite à la victoire de la gauche aux élections présidentielles. Faut dire qu’un égo blessé ca cicatrise mal. L’amour propre s’avère tellement fondamental pour l’existence, que la vengeance lorsqu’elle vient à sa rescousse prend la saveur d’un plat exquis dont on aime à se délecter lentement, en plus de le déguster froid.

Jeanne :

Alors vieux fou, on digère bien la victoire de la gauche ?

L’ermite Bernard :

Pourquoi mal digérer quelque chose que j’avais anticipé. En outre, un second mandat pour Sarkozy aurait, selon moi, été probablement aussi calamiteux que le second mandat de Chirac, voire davantage. Difficile de réformer un pays dans le bon sens avec un Président aussi détesté, à la fin prêt à tout pour sa réélection, et qui s’avère un grand brasseur d’air devant l’Eternel. 

Jeanne :

Vous devenez un pro Hollande ! Quelle surprise !

L’ermite Bernard :

Tes sarcasmes ne m’atteignent pas. Tu fais semblant de ne pas comprendre ou, plus grave, tu ne comprends pas… Historiquement parlant, le risque Hollande vaut mieux que le risque Sarkozy. En 2007, c’était le contraire s’agissant de Sarkozy et de Royal. Comme quoi en politique, il n’y a pas d’état de stase.

Jeanne :

Ah oui ! Parlons-en du risque Sarkozy en 2007 ! On a vu ce qu’il a fait !

L’ermite Bernard :

Pas grand-chose en vérité, si on laisse de côté les cris d’orfraie des « bobos-gauchos » et des « corporatismes égratignés » à propos de la soi-disant dérive autoritaire du pays, de la progression du racisme et de l’iniquité. Des réformettes plutôt que des réformes, dont certaines faîtes à l’emporte-pièce, voilà son bilan ! Le risque Sarkozy n’a pas payé. Ce fut pour moi un pari en grande partie perdu, mais l’alternative me paraissait bien pire. En 2007, jamais la gauche n’avait atteint un niveau aussi élevé de vacuité intellectuelle et de bêtise. On verra si la présidence de Hollande donnera de meilleurs résultats.

Jeanne :

Quelle tolérance envers Sarkozy et envers vous !

L’ermite Bernard :

Tu es toujours dans cette logique de détestation quasi irrationnelle. Ridicule ! Ce type va finalement manquer à beaucoup de gens qui ne pourront plus, au fil des mois, le rendre responsable de tous les maux, et ce d’autant qu’ils ne veulent rien voir de ce qui se passe réellement. Remercie-le ! Ses erreurs, ses promesses non tenues et l’humiliation du PS en 2007 ont, en quelque sorte, permis la victoire largement prévisible de Hollande, avec une gauche qui lentement se transforme. En outre, il a aussi quelques excuses, notamment celle d’avoir rencontré sur sa route la crise mondiale de 2007. Il fallait bien, faute d’une grande clairvoyance et d’un courage politique hors normes, qu’il dépense de l’argent comme ses homologues européens et américains, pour « sauver » le système… et les banques. Je me souviens que la gauche, qui l’accuse aujourd’hui d’avoir considérablement alourdi le poids de la dette, lui reprochait de ne pas en faire assez financièrement pour son plan de relance… Mais ne parlons plus de lui. Il a été suffisamment omniprésent pendant ces 5 dernières années.

Jeanne :

Oui. Parlons de François qui lui tiendra ses promesses et a déjà commencé en montrant l’exemple.

L’ermite Bernard :

Tu fais référence à la baisse des salaires de la nouvelle équipe gouvernementale, j’imagine ? Certes, c’est un bien meilleur symbole que le « Fouquet’s » ou la « Rolex ». Mais cela relève surtout de la fioriture. Sarkozy avait augmenté, dit-on, son salaire de 140 % environ, or Hollande va le réduire de 30 %. Au final, il y gagne puisque le salaire présidentiel a plus que doublé depuis 2007… Quant aux ministres, ils font effectivement des efforts salariaux, mais le nouveau gouvernement comprend malgré tout beaucoup de ministres et secrétaires d’Etat. Bref, difficile de dire si les astuces comptables et les calculs d’apothicaire déboucheront sur de réelles économies. Et je ne parle pas de la volonté du nouveau Président de la République de continuer à vivre dans son quartier, ce qui nécessitera de coûteux efforts en termes de sécurité. Enfin, la charte de bonne conduite signée par ses ministres ressemble à celle élaborée par le gouvernement Fillon en 2007.

Jeanne :

La calomnie commence…

L’ermite Bernard :

Non. Hollande reste pour le moment sobre, mais delà à en faire un modèle de vertu économe… L’est en outre très rusé. Sa mesure de retour à 60 ans pour la retraite s’avère en définitive relativement restrictive et son volet « croissance » concernant le pacte budgétaire européen n’empêchera probablement pas la mise en œuvre de la rigueur prévue par l’Allemagne (à moins d’un affrontement politique musclé ou d’événements imprévus). Tout au plus, notre nouveau Chef de l’Etat obtiendra quelques millions européens pour subventionner des investissements censés favoriser la croissance. Il pourra toujours mettre en avant le fait qu’il tient ses promesses… ce qui n’est pas faux si l’on voit ca de loin.

Jeanne :

Pfffff…

L’ermite Bernard :

Si Hollande procède ainsi pour tout, il entourloupera peut-être une partie de ceux qui l’ont soutenu et réformera la France en atténuant les résistances, par exemple sur la base d’un faux consensus ou de mesures démagogiques susceptibles de satisfaire des fractions limitées de son électorat, tandis qu’il ne rechignera pas à prendre des décisions difficiles voire impopulaires. Et puis la confrontation de la gauche au principe de réalité encouragera, je l’espère, sa transformation. Mais bon, là, je m’emballe.

Jeanne :

Pourquoi François Hollande ne tiendrait-il pas ses promesses ? Vous rêvez de le voir échouer !

L’ermite Bernard :

Pas du tout. La gauche arrive au pouvoir dans un contexte compliqué et étrange. Elle a quasiment tous les leviers du pouvoir : l’exécutif, le législatif (bientôt la majorité à l’Assemblée nationale et déjà au Sénat), une partie non négligeable des juges la soutiennent et elle tient une majorité des collectivités territoriales. De fait, les fantasmes de certains sur la menace de « l’Etat UMP », qu’ils agitaient encore il y a quelques temps, me font doucement rigoler. Enfin, même la presse dite de droite se montre, pour l’instant, relativement prudente dans ses critiques (rien à voir avec les vociférations de la presse de gauche en 2007). Pour autant, la marge de manœuvre de la gauche n’a jamais été aussi mince compte tenu de la situation économique en Europe et financière en France. Terrible paradoxe, en vérité, voire triste malédiction si l’on se réfère à 1936.

Jeanne :

Vous n’avez que le pessimisme à offrir.

L’ermite Bernard :

Pessimisme ou réalisme ? Et puis je n’ai jamais dit que notre fin était proche… De plus, cet enthousiasme simulé des caciques du PS pour la croissance me dérange. J’attends une rupture dans les idées et dans les politiques. Voilà ce dont nous avons besoin. Subventionner de grands projets et investir dans la recherche en Europe et en France pour relancer la croissance me paraissent… hum… équivoques. Faut-il systématiquement balancer du fric ici ou là pour faire de la croissance ? On ne connaît pas à l’avance quels seront les innovateurs et les inventeurs géniaux qui révolutionneront l’économie. Personne n’attendait leurs précurseurs. Souvent, le monde de l’économie les ignorait ou les traitait en marginaux jusqu’à ce que … boum… n’éclate leur succès. Aussi, ne vaudrait-il pas mieux susciter un contexte favorable aux idées, à l’esprit d’entreprise et au travail plutôt que de financer des projets et des institutions préalablement choisis, même par des experts ?

Jeanne :

Encore des critiques ! Décidément vous l’avez mauvaise.

L’ermite Bernard :

Favoriser ce genre de climat socio-économique implique évidemment de miser sur l’éducation. Ce que tout le monde approuve en théorie. Cependant, assistons-nous à une révolution scolaire ? Non, bien évidemment. Les syndicats enseignants y sont fondamentalement hostiles, quoiqu’ils en disent. Or, nous pourrions tout réorganiser : des cours magistraux, qui insisteraient sur les savoirs fondamentaux (selon de « vieilles méthodes » ayant fait leurs preuves avec les aînés) et l’esprit scientifique, le matin, des « leçons de choses », des activités de découverte, du sport, du travail manuel, des ateliers pour accompagner les élèves en difficulté et pour encourager les travaux personnels et les exercices pratiques, etc., l’après midi. Tout cela sur 5 jours, 7-8 heures par jour et dans le cadre d’une année scolaire plus longue mais surtout plus équilibrée en termes de préparation des cours pour les profs, d’effort cognitif et de rythme d’acquisition des connaissances pour les élèves. C’est idem concernant l’économie. Malheureusement, les conservatismes et les corporatismes de tous les bords l’emportent. Pourtant, on sait qu’il faut rénover ou moderniser au rythme de l’innovation nos infrastructures de transport et de télécommunications, que la question énergétique implique de privilégier la recherche sur le nucléaire, le gaz, etc., le traitement des déchets et leur recyclage afin de limiter la pollution, les risques et d’économiser l’énergie utilisée, que les PME ne peuvent continuer à payer des charges sociales élevées si l’on veut qu’elles embauchent et croissent et qu’un autre mode de financement de l’Etat providence s’avère nécessaire, etc.

Jeanne :

Quel beau discours libéral et pro nucléaire ! Avouez-le, vous êtes de droite !

L’ermite Bernard :

Non, il s’agit juste d’un discours de bon sens. Seul le progrès scientifique et technologique rend l’avenir possible. En France, il y a des gens intelligents, mais malheureusement on ne les entend guère. Libéral mon propos ? Ai-je dis que l’Etat devait se retirer de toute action, qu’il ne devait pas mener ou encourager ces changements ? Comme avec la question des acquis sociaux, toi et tes petits amis êtes incapables de voir au-delà des slogans contestataires. Il faut garder le principe des acquis sociaux (filets de sécurité face aux risques de la vie et instruments pour limiter les inégalités de richesse et de conditions de vie), mais remettre en question les acquis concrets actuels qui ne correspondent plus à ce que la société française est devenue et ne sont pas équitables. En bref, il faut refonder l’Etat providence sur des bases saines, et ce d’autant que cette refonte facilitera la modernisation de notre économie.

Jeanne :

Présentez-vous aux prochaines élections mon cher ! (Ton méprisant).

L’ermite Bernard :

Vois-tu jeune fille,  j’accorde à François Hollande, pour l’instant, le bénéfice du doute et j’attends de voir. Tout comme les marchés financiers, qui sont très attentifs à ce qu’il fera après les législatives de juin, mais contrairement à eux je l’observe avec un œil bienveillant…

Pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils fRont !

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Le couperet est tombé. Brutalement. Au soir du premier tour de la présidentielle. Il a fait clac et a décapité sèchement les espoirs des lendemains qui chantent du front de gauche. Heureusement, ce ne fut pas sanglant comme une révolution. Juste un choc politique pour ceux que l’utopie portait aux nues. Mais quelle tristesse, et quelle déception pour ces derniers. L’avait pourtant un vrai talent d’acteur et de tribun rassembleur ce Mélenchon. Des airs et des mimiques d’instituteur également quand il posait, que dis-je, quand il assénait ses arguments aux foules des militants et des sympathisants avec son doigt levé et sa rotation sur lui-même pour épouser tout le public. Pourtant le peuple qu’il escomptait n’a pas suivi. A mon avis, pas toujours humble, l’extrême gauche traîne comme un boulet de fer certaines de ses revendications corporatistes et certaines de ses thématiques très « bobos ». La « France d’en bas », les « invisibles », comme disent les médias, les experts et les politiques, qui eux sont très visibles et situés bien en haut, n’a donc pas voté massivement pour son mouvement politique. Les ouvriers, d’ailleurs si divisés, ont besoin qu’on leur parle de leur vie et de leurs problèmes concrets, plutôt que de « l’humain d’abord », des ennemis que sont les financiers et des dépenses sociales à venir au son du « toujours plus » et du « jamais moins » (de moyens). Certes, il y avait dans ce programme quelques bonnes idées et des accents ouvriéristes, mais de l’irresponsabilité en grande quantité aussi. Une bataille est perdue. En politique, on ne rassemble pas comme on veut. Et puis, est-on vraiment sûr que les intérêts des « bobos » et des catégories protégées, même si modestes, s’accordent naturellement avec l’ensemble des classes populaires. Pour le moment, il ne me semble pas. Mais qui sait ce qu’il adviendra dans quelques temps…

En revanche, pour l’autre front, point d’affront il y a eu. Au contraire, on plastronne et on savoure la victoire relative de la candidate sous estimée par les médias, comme d’habitude. Elle fait si peur Marine, avec ou sans le bleu, en digne fille du père, que l’intelligentsia médiatique préfère minimiser. Or, ca ne marche pas à tous les coups et elle revient en force, comme une ritournelle, suivant les conjonctures. Cette fois-ci, elle a marqué les esprits avec un score élevé. Fallait bien ça pour que la droite, comme la gauche, nous fasse une leçon de racisme de classe. A droite, au fond, c’est habituel la condescendance et le mépris ouvrier parfois masqué. Enfin, pas toute la droite. Ne généralisons pas. Mais bon, on s’y attend. Sur ce terrain là, malheureusement, la gauche n’a rien à lui envier. Terra Nova, le fameux think tank du PS, depuis longtemps a su intellectualiser, que dis-je théoriser, le discours soi-disant progressiste du mépris ouvrier. Certes, le peuple ca peut-être affreux, sale, bête et méchant. Est-ce à dire qu’il faille en faire une généralité, sous des formules bien sûr compassionnelles, et minimiser par là-même les turpitudes au sein des classes moyennes qui votent à gauche, des fonctionnaires, des jeunes, des femmes et des minorités dont le PS se fait le champion ? Tous ces chantres du progrès social devraient y réfléchir et se remettre en cause.

Et puis il y a cette simplification qui me dérange, moi le fils d’ouvrier. En effet, les ouvriers, les ruraux, les sans diplômes, soit autant de caractéristiques constitutives pour certains bien-pensants du prototype du « beauf », voteraient désormais en majorité pour Marine, en blanc, en bleu, ou bien en rouge, mais voteraient quand même, parce qu’ils ont peur, parce qu’ils souffrent socialement, parce qu’ils n’ont rien compris et n’ont pas les outils mentaux pour comprendre, voire par xénophobie. Un ouvrier, un sans diplôme, qui plus est de province ou bien périurbain, ca reste évidemment un con, pensez-donc ! Le genre d’individu que l’on plaint, à défaut de le mépriser ouvertement. Sarkozy comme Hollande savent aujourd’hui plus encore que par le passé qu’il faut les secourir et les tirer d’un mauvais vote. Ils le proclament tout haut. Le premier singe parfois Marine, surtout depuis le premier tour – marrant quand on sait qu’il aime toujours avoir le premier rôle – le second propose une alternative aux brebis égarées (rassemblement et changement pour maintenant). Les deux se trompent ou font semblant de se tromper, cependant, car les ouvriers ne votent pas forcément plus FN que les autres… Encore un malentendu entre le sommet et la base, une imposture médiatico-intellectuelle ! Si l’on en prend en compte les non inscriptions sur les listes électorales et l’abstention par catégorie sociale, le vote ouvrier et, par extension, populaire pour le FN n’est pas plus élevé que celui d’autres catégories plus diplômées et/ou mieux loties[1]. D’ailleurs, les artisans, commerçants, petits chefs d’entreprise, à leurs yeux excédés de payer par leur labeur « pour tous les autres » ou bien hostiles à la mondialisation et à l’Europe de Maastricht, ainsi qu’une certaine bourgeoisie très conservatrice, affectionnent tout particulièrement le désormais parti de Marine. Mais jamais les médias ne les pointent du doigt comme étant les instruments du succès électoral du FN, contrairement aux sous grades et à la « France d’en bas ». La condamnation morale a toujours été une affaire de classe…

Au fond, le vote FN s’avère hétéroclite. En voilà, finalement, un parti instrumentalisé par les uns et les autres dans leur vote pour s’opposer et aux uns et aux autres ! Cela étant, la période à venir annonce peut-être une radicalisation des extrêmes, avec des ouvriers susceptibles de changer brusquement de bord, à l’instar d’autres catégories. Car qui dit crise aigüe ou grand chambardement, ce qui ne semble pas improbable dans un futur proche, dit aussi confusion et instabilité du jugement.

Ironie de l’histoire, la gauche et l’extrême gauche sentent bien que le vote ouvrier qui leur échappe ne se reporte pas massivement sur le front des trois couleurs. La gauche parisienne ne le dit pourtant pas assez et tombe souvent dans les poncifs et les préjugés anti-ouvriers habituels. Quand à l’extrême gauche, elle se demande comment faire pour attirer ce peuple qui depuis longtemps la délaisse. Le problème, bien sûr, viendrait des ouvriers et non des partis qui sont censés les guider sur la voie de la conquête du pouvoir et de l’émancipation par le vote. Dieu que l’auto-aveuglement et la certitude de défendre de justes intérêts ont la vie dure… Pourtant, il n’est guère difficile de comprendre, dès lors que l’on connaît un peu les milieux populaires, qu’une partie d’entre eux – car les disparités s’avèrent aussi fortes en leur sein – ont du monde une vision plutôt conservatrice. Immigrés et non immigrés, ils défendent le respect des règles et de l’autorité, le travail, la réussite par l’effort, de même qu’une certaine stabilité au sein de leur environnement (voisinage, etc.). Comment imaginer alors qu’un discours libertaire et emprunt de thématiques généralistes (l’environnement, l’ouverture vers l’autre, etc.), tout comme la défense par les syndicats d’intérêts et de prérogatives qui, bien souvent, ne les concernent pas directement, puissent les atteindre ? Pendant ce temps-là, Marine n’attend que la défaite de Sarkozy pour se renforcer davantage et créer un grand parti « populaire » conservateur. Les ouvriers, eux, pour une partie, resteront orphelins, allant vers l’un ou l’autre, ou bien s’abstenant de voter. Qu’importe ! Les années qui arrivent sonneront l’heure des remises en question radicales et des moments de vérité économique. Et de cela, au moins, il faut se réjouir.


[1] Voir à ce sujet : Collovald Annie, Le populisme du FN : un dangereux contresens, Editions du Croquant, 2004.